Il y a deux ans j’avais fait une recommandation stratégique à une petite entreprise. Le propriétaire me dit alors: « super, génial, vous allez la mettre en place vous même ». Avant les consultants consultaient, aujourd’hui ils sont opérationnels, ils livrent eux mêmes leurs recommandations. Au supermarché aussi, nous passons en caisse tous seuls comme des grands, nous commandons sur internet, nous débarrassons notre plateau à la cafétéria. Pour notre banque, nous faisons nos opérations nous mêmes et en plus on paye pour cela!
« On est plus servis! » Le pire c’est qu’on fait même le boulot des marketeurs à leur place, en disant j’aime sur les réseaux sociaux, en remplissant des commentaires pensant ainsi s’exprimer comme une star, instrumentalisé par les marques elles mêmes, par les modérateurs des forums à la pensée et au sponsor unique.
Mais combien vaut mon « j’aime » à part l’accès à des contenus spécifiques, une de ces spécialités de bullshit marketing qui vous font croire que vous êtes un VIP..? Lockerz tente de répondre en proposant des coupons à ses membres. Alors encore une fois on se retrouve englué dans une guerre des prix. Est-il si difficile de faire du vrai service? Mais en attendant cliquez sur « j’aime » ici sur ce blog , Couleur Prod m’a rajouté ce bouton pour vous faire bosser!
Le seul point négatif, est que malgré la sous catégorisation ou segmentation entre les hypsters, les génération Y, les avants premiers / early adopters / les vintages maniacs etc…le marketing nous livre une synchronisation de nos émotions. Avant dans la cour de récré c’était « t’as pas vu le film hier? oh le nul »; désormais c’est « t’es pas sur Facebook? » Mais sans pour autant nous différencier ou parfaitement s’adresser à nos besoins. Cette standardisation des contenus en direct, ces « j’aime, je n’aime plus » nous livrent à nos affects, rien d’autre.
Cette mondialisation synchronisée d’une émotion peu engagée, peu engageante a t-elle une valeur? Pour le mass market des millions de données peuvent être analysées et dessiner des trends mais pour le premium et le luxe à part le vrai customer service et une forme de brand building, je vois pas trop la valeur réelle. Au moins, comme la plupart des décideurs n’y comprennent rien, cela crée des emplois!
Bon..allez quand même réserver vos actions FB…et revendez une fois le prix doublé… car après l’apparition prévisible de réseaux sociaux plus spécialisés (sport, montres, art etc) la dilution de cette masse informe de partage d’intimité vaudra-t-elle encore quelque chose?
Crédits : Christian-Louis Col